Rencontre avec Christian, 68 ans, grand-coloc à La Grande Casa d’Alfortville

Amal (La Casa) : Bonjour Christian, parle nous un peu de toi.

Christian (futur grand-coloc) : Je m’appelle Christian. J’ai bientôt 68 ans, j’ai 3 enfants, je suis divorcé et je travaillais dans l’IT avant mon départ à la retraite. J’aime beaucoup jouer de la guitare et aime le vendredi assister aux Nocturnes du Louvres avec un ami. Je vis actuellement à Paris et je vais bientôt emménager dans une colocation pour seniors à Alfortville !

Amal : Pourquoi vouloir rejoindre un habitat partagé ?

Christian : Déjà je ne connaissais pas le concept. Ce sont mes filles qui m’en ont parlé et j’ai trouvé ça plutôt pas mal. Peut-être que j’idéalise mais ça va me permettre de rencontrer d’autres personnes, d’échanger. Il y a un côté un peu aventureux dedans parce que ce n’est pas évident, c’est un nouveau départ. Et puis ce qui est génial, c’est de prendre le projet depuis le début, je vois les travaux qui avancent et plus ça va plus je suis impatient.

Amal : Comment trouves-tu la maison ?

Christian : La maison est en travaux, il y a des tuyaux, des scies et des ouvriers partout. Elle a bien avancé, j’aime beaucoup la prédominance de bois que je trouve très chaleureuse, l’ilot central de la cuisine qui la rend conviviale, avec la hotte aspirante par le bas je viens d’apprendre que ça existe [rires]. Il y a un salon privatisable pour recevoir et un jardin avec une terrasse. La moitié de la maison est desservie par un ascenseur.

J’ai déjà choisi mon espace privatif qui se trouve à l’étage. Je l’aime beaucoup car il est bien agencé, lumineux et ma salle de bain est adaptée, il n’y a plus qu’à attendre l’ouverture et venir avec mes valises et mes guitares.

Amal : Qu’attends-tu de ton expérience à La Casa ?

Christian : Je la vois comme une transition. J’essaie d’être lucide et je me dis que je suis comme tout le monde, je vieillis, à la même vitesse mais qu’il me reste encore une petite dizaine d’années, si je suis optimiste, où j’aurai encore un peu d’énergie, d’envie, etc., de lucidité, et je me dis que c’est le moment de vivre une expérience comme cela, c’est le moment.

Et puis ça fait un SAS avant l’EHPAD, eh oui. Non pas que ça me fait peur, je n’y suis pas encore mais quand je pense EHPAD, je pense à dans quel état je serai. Si je suis en fauteuil roulant mais que je peux encore jouer de la guitare c’est bon, par contre si je ne peux plus rien faire…et bien je regarderai la télé ou des films, peut-être des jeux [rires]

A La Casa, je pourrai rencontrer de nouvelles personnes, vivre des choses avec des gens, plutôt que de rester dans mon appart, devant la télé, ou internet et si en plus il y a des musiciens ou des musiciennes, la vie est belle.

Le fait d’être entouré et de bénéficier des nombreux services inclus dans le prix est rassurant aussi. Me dire qu’on fera le ménage et les repas à ma place me soulage par exemple, même si j’aime de temps en temps faire un bon plat !

J’attends de vivre des choses, ne pas rester dans le salon à regarder Derrick. Je crois que je suis à un âge où on a envie de faire des choses si nos capacités nous le permettent. Je le vis vraiment comme une renaissance. C’est un nouveau départ de vie, avec les contraintes de l’âge certes, mais les mêmes envies et espérances d’un jeune de 20 ans qui va attaquer son premier job. C’est attirant, je pense que ça va démarrer sur quelque chose mais on n’en sait pas plus, on ne l’a jamais vécu.

Non je suis impatient de vivre cette expérience Casa.

« J’imagine des évènements intergénérationnels (…) : un dîner où nous les grands-colocs aurons préparé le plat principal et on va l’emmener chez les jeunots qui eux auront préparé l’entrée et le dessert ». 

Amal : Comment imagines-tu la vie à la Grande Casa ?

Christian : Un endroit où les habitants s’investissent et partagent des moments ensemble. Je vois ça comme des balades, des séjours dans d’autres ville, on peut découvrir la France, peut être que certains n’ont jamais mis les pieds à Marseille, à Bordeaux par exemple. Enfin un sujet de voyage pour aller voir entre autres le musée de la Capitale d’un pays européen.

J’aime bricoler, j’ai l’idée de fabriquer un barbecue, mais en dur hein, joli, avec des poulies et un système de contrepoids pour faire la broche. Ce serait pas mal non ? [rires] Des évènements intergénérationnels entre les Grandes Casas seniors et les Casas jeunes actifs : l’idée d’un dîner où nous les grands-colocs aurons préparé le plat principal et on va l’emmener chez les jeunots qui eux auront préparé l’entrée et le dessert, par exemple ! J’aimerais aussi donner des cours de guitare bénévolement. Si jamais il y a des seniors musiciens qui se regroupent ça peut être sympa aussi.

« En ce qui concerne la mixité, si jamais je peux retomber amoureux, je ne demande que ça [rires]. »

Amal : Que t’inspire le fait de vivre avec 7 personnes dans un habitat partagé mixte ?

Christian : J’ai fait du scoutisme, j’ai toujours été entouré de gens, le partage avec l’autre a toujours été important pour moi. Je suis d’une famille nombreuse de 5 garçons, je pense que je suis habitué au partage, aux grands repas, ça doit jouer. En fait je n’ai pas peur, surtout qu’on se rencontre avant ! ,Et puis on a chacun notre espace, on ne se marchera pas dessus.

J’espère faire de belles rencontres, des gens intéressants avec des trajectoires de vie où on peut apprendre plein de choses. Toute vie est intéressante. Depuis que je suis à la retraite je n’ai pas de nouvelles connaissances. Quand tu travailles, tu rencontres continuellement de nouvelles personnes mais là ça fait longtemps que ce n’est pas arrivé donc ça aussi ça m’attire de rencontrer de nouvelles vies, de nouvelles gens.

La grande question est celle de l’âge. J’aimerais vivre avec des personnes qui ont à peu près mon âge mais j’ai des amis qui ont 10 ou 20 ans de plus que moi donc tant qu’on peut partager des moments. Le fait que l’on est tous autonomes me rassurent car j’ai un ami qui a des aides à domicile pour le changer, c’est dur.

En ce qui concerne la mixité, si jamais je peux retomber amoureux, je ne demande que ça [rires]. Je plaisante, je n’attends rien mais cela ne me dérange pas au contraire. Je ne sais pas danser, je veux bien donner des cours de guitare contre des cours de danse.